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Voici venir les rêveurs

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Jende Jonga rêve … il veut quitter son village de Limbé au Cameroun et son rêve à lui c’est l’Amérique, celle qu’il a entrevue dans les films, à la télévision. Il s’embarque avec un visa touristique. Winston, un cousin, l’aide à trouver un emploi de chauffeur chez un banquier de Lehman Brothers. Il fait venir sa femme et son fils et ils s’installent à Harlem. Neni suit des études pour devenir pharmacienne, leur rêve semble se réaliser.

La chute de Lehman Brothers est dans l’air et Jende, en conduisant Clark, son patron, surprend bien des conversations. Il est médusé aussi par le comportement de cette famille si riche : le père n’a guère de temps pour sa famille, la mère sombre dans la solitude et l’alcoolisme et Vince, le fils aîné, quitte ses études pour aller méditer en Inde. Pour obtenir leur « Green Card », Jende et Neni s’en remettent à un avocat spécialiste du droit de l’immigration. Mais Jende perd son emploi ce qui va compliquer les démarches  et peu à peu l’African Dream va remplacer l’American Dream.

Le charme du livre vient de ce regard décalé, de cette confrontation entre le monde des nantis et celui des sans-papiers. La précarité semble même apporter plus de joie de vivre malgré les difficultés innombrables.

Imbolo Mbue a 33 ans comme ses personnages et, comme eux, elle est venue de Limbé en 1998 pour ses études, elle vit à Manhattan. Elle nous parle du rêve américain à une époque où le rêve d’Obama rejoint celui des héros du roman. Elle explore leurs parts d’ombre et de lumière  avec une écriture pleine de fraîcheur et d’énergie et nous offre un roman plein de générosité et d’empathie sur le choc des cultures et les désenchantements de l’exil : et si le bonheur était ailleurs ? Un roman agréable à lire.

Lire permettrait de vivre plus longtemps

Au moment de démarrer cette rentrée 2016, nous ne résistons pas au plaisir de vous faire connaître l’article paru cet été dans le magazine Livres Hebdo. Chers lecteurs, vous avez maintenant une raison supplémentaire de pousser la porte de notre bibliothèque !

Une étude américaine démontre que les lecteurs vivent en moyenne deux années de plus que les personnes qui ne lisent pas du tout.
Des chercheurs américains de l’université de Yale viennent d’établir une corrélation entre la lecture et l’espérance de vie, rapporte le New York Times
Les scientifiques ont divisé un échantillon de 3635 personnes de plus de 50 ans selon trois groupes : ceux qui ne lisent pas de livres, ceux qui lisent jusqu’à 3h30 par semaine, et ceux qui lisent plus de 3h30 par semaine.
Par rapport à ceux qui ne lisent pas, les lecteurs occasionnels (moins de 3h30) ont ainsi 17% de risques en moins de mourir dans les douze années qui suivent. Et la même statistique s’élève à 23% pour les personnes lisant plus de 3h30 par semaine.
En moyenne, les lecteurs de livres âgés de plus de 50 ans ont une espérance de vie moyenne de près de deux ans de plus que ceux qui ne lisent pas du tout, d’après l’étude publiée dans Social Science & Medecine.
Becca R. Levy, professeur d’epidemiologie à Yale, explique au New York Times : « Même les gens ne déclarant qu’une petite demi-heure par jour de lecture ont un avantage significatif de survie par rapport aux non-lecteurs. Et cet avantage demeure même en ajustant les variables que sont la santé, l’éducation et les capacités cognitives. »  »

Euphoria

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Nous sommes dans les années 30. Les anthropologues Nell Stone et son mari Schuyler Fenwick, dit Fen, étudient la vie des Tam, une tribu de Nouvelle-Guinée. Elle est américaine et a déjà acquis une notoriété certaine dans cette discipline récente qu’est l’anthropologie ; lui est Australien et entretient avec sa femme une forte rivalité professionnelle. Ils sont rejoints de temps à autre par un jeune anglais dépressif, Andrew Bankson, qui étudie une autre ethnie des rives du fleuve Sepik, les Kiona.
Tous trois aiment confronter leurs travaux, d’autant plus qu’ils ont chacun une approche différente. Nell et Fen s’intègrent à la vie quotidienne des populations qu’ils étudient – elle en notant les moindres faits dans une démarche scientifique rigoureuse, lui en s’immergeant totalement dans la culture des indigènes. À l’inverse, Bankson préconise l’observation à distance afin de ne pas fausser les résultats de leurs études.

Les failles de chacun sont exacerbées par la violence de la nature, par la maladie qui rôde et par les rituels fascinants de ces tribus. Le travail d’équipe se transforme bientôt en un triangle amoureux, jusqu’au drame final où la frontière entre les chercheurs et leurs sujets d’étude devient perméable.

De la vie de la célèbre anthropologue Margaret Mead, qui a séjourné en 1933 sur les rives du Sepik avec en compagnie de Reo Fortune et Gregory Bateson, Lily King a tiré un récit d’aventures anthropologiques à l’atmosphère envoûtante, et quelque peu dérangeant. À sa lecture, on se demande s’il y a autant de différences qu’on le prétend entre les mœurs de ces lointaines peuplades et nos comportements à nous, les Occidentaux…

Juin – Juillet 2016

ROMANS

AGUS Milena – Sens dessus dessous

 CHEVALIER Tracy – A l’orée du verger

 FERRANTE Elena – L’amie prodigieuse

 FLEUTIAUX Pierrette – Destiny

 GARCIA Tristan – 7

 JOSSE Gaëlle – L’ombre de nos nuits

 KING Lily – Euphoria

 OATES Joyce Carol – Daddy Love

 SIMONSON Helen – La dernière conquête du major Pettigrew

 TROUILLOT Lyonel – Kannjawou

 URBANI Ellen – Landfall

 VAILLANT John – Les enfants du jaguar

 

 ROMANS POLICIERS

CARLIER StéphaneLes perles noires de Jackie O

 CONNELLY MichaelMariachi Plaza

JÖNASSON Ragnar Snjör

KIM UN-SU – Les planificateurs

KING StephenCarnets noirs

MAY Peter Les disparus du phare

REDONDO DoloresUne offrande à la tempête

TREVANIANShibumi

Lauréats du prix Livrentête 2016

menace orange bis

Dans la catégorie Livres d’enfants (4 – 7 ans), l’album de A. Reynolds et P. Brown, Menace orange (Ed. Le Genevrier), a remporté le prix 2016.

 

menace orange

Dans la catégorie Premiers romans (7 – 9 ans), l’ouvrage de Patrick Doyon et André Marois, Le Voleur de sandwichs (Ed. La Pastèque), a remporté le prix 2016.

 

Prix 2016 des Lecteurs d’Antony

prix des lecteurs Antony

Les trois Prix 2016 des lecteurs d’Antony ont été attribués le samedi 28 mai par les médiathèques Anne Fontaine et Arthur Rimbaud ainsi que par leurs partenaires, la Bibliothèque pour Tous et la librairie La Passerelle.
Les lauréats sont les suivants :

 Catégorie Littérature étrangère :
Miniaturiste de Jessie Burton
Catégorie Littérature française :
L’Orangeraie de Larry Tremblay
Catégorie Polars :
Obia de Colin Niel.

PRIX CBPT 2016

L'orangeraie

L’Orangeraie de Larry Tremblay a remporté le prix CBPT 2016, décerné par L’Union nationale Culture et Bibliothèque pour Tous  lors de l’assemblée générale du 11 mai.

Soulayed persuade Zohal d’envoyer l’un de ses fils, des jumeaux de 9 ans, tuer « les chiens » pour venger la mort de leurs grands-parents. Lequel Zohal sacrifiera-t-il : Ahmed ou Aziz ? La stratégie de Tamara, la mère, réussira-t-elle ? Sans jamais juger, l’auteur dissèque la transmission des croyances et de la haine. Un livre impossible à oublier et d’une actualité brûlante.

Ce roman d’un auteur canadien connu dans son pays pour son œuvre théâtrale  était déjà un de nos coups de cœurs.

apaise le temps

Roubaix, une librairie qui périclite dans cette ville du nord sinistrée.

La propriétaire, Madame Yvonne, meurt sans héritiers et lègue son bien à Abdel Duponchelle qu’elle a connu enfant. C’est un solitaire dont les origines métissées sont mal supportées par ses condisciples. Madame Yvonne a si bien pansé ses blessures grâce à la littérature qu’il est devenu professeur de français.

Abdel est donc sur le point de devenir libraire. Il n’est pas seul, un groupe multiculturel l’entoure. Il y a là Zita, la vendeuse d’ascendance albanaise ; Saïd algérien analphabète auquel Georges, le père d’Yvonne, a appris à lire ; Zerouane, le harki que Georges a aidé, comme d’autres, en étant pour eux écrivain public.

Ce dernier, bien inséré dans la société, a pour projet de créer une association culturelle dont le but est de « relier » des familles que la misère a dissociées, avec l’aide de Rosa l’assistante sociale.

En triant les archives de Madame Yvonne – celle-ci, avant de reprendre la librairie à la mort de son père dans les années 60, se destinait au métier de photographe –, Abdel exhume de nombreux clichés de la guerre d’Algérie. Or, le FNL, le MNA , l’OAS et leurs luttes font partie du passé des protagonistes de cette histoire.

La lecture des 100 pages de ce petit roman ou de cette longue nouvelle est un bonheur. La tendresse avec laquelle l’auteur nous parle de ses personnages, les liens d’entraide qui les unit, l’amour de la littérature qui les relie, le regard lucide mais non désespéré sur l’histoire et la société actuelle, sont autant d’éléments qui tranchent avec la production littéraire actuelle.

La jeune épouse

la jeune épouse

C’est à un conte érotico-philosophique que nous convie Alessandro Baricco dans son dernier roman.

Une jeune fille de 18 ans arrive dans une famille italienne pour en épouser le fils. Celui-ci est absent. Ils se sont connus enfants et promis l’un à l’autre dès qu’ils seraient en âge de se marier.
Etrange famille que celle où arrive la jeune épouse et où elle va attendre l’arrivée de son promis. Chacun, comme dans un jeu des 7 familles, y est désigné par sa fonction – le père, la mère, le fils, la fille, l’oncle, la jeune épouse –, à l’exception de Modesto, le majordome. Chaque matin, il réveille un par un les membres de la famille par une annonce météorologique, avant de leur servir un petit déjeuner fastueux auquel ils participent selon leurs désirs ou leurs besoins, et ce jusqu’au milieu de l’après midi.

Le début de ce roman est déconcertant, et même irritant : changements de narrateur, difficulté à s’identifier aux personnages, écriture précieuse, sans parler de l’importance des scènes érotiques quoique n’étant en rien de pornographiques.
Et puis, à la page 62, l’écrivain intervient dans son roman pour dire ce qui vient de lui être reproché. Rien de tel que cette intervention pour créer une connivence entre l’auteur et son lecteur et faciliter la suite de la lecture. On se laisse alors prendre à cette histoire d’amour, d’initiation – décrite avec délicatesse –, de mort, entrecoupée par l’intervention de l’écrivain qui nous « initie » au métier d’écrivain.

Un beau roman qui mérite qu’on s’accroche un peu.