Venus d’ailleurs est le deuxième roman de Paola Pigani. Fille d’émigrés italiens, elle passe son enfance en Charente puis s’établit à Lyon où elle campe ce très court roman sur les réfugiés – thème actuel par excellence.
En 1999, Mirko et sa sœur Simona, deux Albanais d’une vingtaine d’année, fuient leur pays déchiré par la guerre. Après bien des péripéties, ils atteignent la ville de leur choix : Lyon. Tous deux partagent la même histoire, et pourtant leur rêve de France est loin d’être semblable.
Simona trouve rapidement un travail. Elle apprend le français et surmonte les difficultés administratives tout en nouant de solides amitiés. Mirko, lui, jeune homme taciturne et solitaire, vit dans la nostalgie de son pays. Il travaille sur les chantiers, où le langage utilisé est international. La nuit, il va crier sa rage et sa douleur en peignant des graffs dans des zones abandonnées de tous. Il y rencontre des marginaux et découvre parmi eux une jeune femme avec laquelle il essaye de tisser une histoire d’amour fragile.
Ce roman à l’écriture poétique, d’une extrême sensibilité, a un ton très juste et un style incisif pour décrire des personnages très attachants et leurs difficultés d’intégration. Dans de brefs chapitres, Paola Pigani dépeint avec délicatesse chaque nuance de l’exil, le hasard des rencontres, des portraits d’habitants finement ciselés en quelques phrases, le goût amer de la nostalgie avec en arrière-plan les beautés de la ville de Lyon.
L’auteure a eu l’idée de ce livre en rencontrant la famille d’un ami de sa fille. Le petit Kosovar de 7 ans semblait heureux alors que sur le visage des parents se lisait une douleur permanente. Une rencontre qui a ravivé pour l’auteure de nombreux souvenirs familiaux, notamment celui d’une grand-mère d’origine slovène et de ses parents, migrants de la première génération.