Roubaix, une librairie qui périclite dans cette ville du nord sinistrée.
La propriétaire, Madame Yvonne, meurt sans héritiers et lègue son bien à Abdel Duponchelle qu’elle a connu enfant. C’est un solitaire dont les origines métissées sont mal supportées par ses condisciples. Madame Yvonne a si bien pansé ses blessures grâce à la littérature qu’il est devenu professeur de français.
Abdel est donc sur le point de devenir libraire. Il n’est pas seul, un groupe multiculturel l’entoure. Il y a là Zita, la vendeuse d’ascendance albanaise ; Saïd algérien analphabète auquel Georges, le père d’Yvonne, a appris à lire ; Zerouane, le harki que Georges a aidé, comme d’autres, en étant pour eux écrivain public.
Ce dernier, bien inséré dans la société, a pour projet de créer une association culturelle dont le but est de « relier » des familles que la misère a dissociées, avec l’aide de Rosa l’assistante sociale.
En triant les archives de Madame Yvonne – celle-ci, avant de reprendre la librairie à la mort de son père dans les années 60, se destinait au métier de photographe –, Abdel exhume de nombreux clichés de la guerre d’Algérie. Or, le FNL, le MNA , l’OAS et leurs luttes font partie du passé des protagonistes de cette histoire.
La lecture des 100 pages de ce petit roman ou de cette longue nouvelle est un bonheur. La tendresse avec laquelle l’auteur nous parle de ses personnages, les liens d’entraide qui les unit, l’amour de la littérature qui les relie, le regard lucide mais non désespéré sur l’histoire et la société actuelle, sont autant d’éléments qui tranchent avec la production littéraire actuelle.