L’intérêt de l’enfant

Ian-McEwan-Lintérêt-de-lenfant-Gallimard

Fiona Maye est juge aux affaires familiales. C’est une femme d’une soixantaine d’années, expérimentée et très appréciée de ses collègues et de sa hiérarchie. Un dimanche soir, alors qu’elle est de garde chez elle, Fiona doit traiter en urgence une affaire grave  : Adam Henry, un jeune homme de 17 ans et 9 mois atteint d’une leucémie, refuse par conviction religieuse de recevoir une transfusion sanguine. Ses parents et lui-même sont Témoins de Jéhovah. L’hôpital a donc saisi la justice pour tenter de sauver l’enfant, qui mourra s’il n’est pas transfusé au plus tard le mercredi.
Il se trouve que ce même dimanche, Jack, son mari, décide de la quitter après vingt ans de mariage.
Durant les trois jours précédant sa décision, Fiona s’efforce de ne pas laisser ses interrogations sur sa vie conjugale interférer avec les auditions des parents, des médecins et du jeune Adam. Mais sa décision, une fois prise, va avoir des conséquences tellement inattendues que cette femme qui maîtrisait parfaitement sa vie va peu à peu glisser dans un comportement beaucoup moins contrôlé, à la limite de l’ambigüité.

 Le titre de ce roman, L’Intérêt de l’enfant, est une référence directe à l’article 18 de la Convention internationale des droits de l’enfant, outil juridique sur lequel la juge Fiona Maye s’appuie pour rendre sa décision.
Derrière le débat juridique, ce sont des questions éthiques et philosophiques (« La société a-t-elle le droit d’empêcher quelqu’un de mourir au nom de ses convictions religieuses ? ») que Ian McEwan soulève. Mais il le fait en les insérant habilement dans la trame d’une vie quotidienne, leur donnant ainsi force et émotion jusqu’à nous faire douter de nos propres convictions. De son écriture dense et précise, il nous confronte avec nous-mêmes par une plongée inattendue dans l’intimité de la justice.

 Un livre original comme tous ceux de Ian McEwan, bref mais percutant, dont on ressort aussi ébranlé que la juge Fiona Maye.