Quand l’Île Maurice accéda à son indépendance vis-à-vis de la Grande-Bretagne en 1968, les îles Chagos furent sacrifiées et vendues aux Anglais par le nouveau gouvernement. Les Anglais, prétendant que ces îles n’étaient pas habitées, les louèrent aux Américains qui voulaient faire de la plus grande d’entre elles, l’île de Diego Garcia, une base militaire stratégique dans l’océan indien.
En réalité, les habitants ont été expulsés brutalement de leur paradis. Ils ont été déportés vers l’île Maurice, dans des bidonvilles à la périphérie de la capitale Port-Louis, ou vers les Seychelles.
Caroline Laurent nous plonge dans ce drame historique méconnu à travers l’histoire d’un amour impossible entre Gabriel, un jeune Mauricien blanc et secrétaire de l’administrateur colonial, et Marie-Pierre Ladouceur, une Chagossienne noire et analphabète. Les déchirements, l’exil, la colère, la révolte ne sont pas seulement ceux des personnages, très attachants, de ce beau roman. Ce sont aussi ceux de toutes les générations de Chagossiens qui se battent, aujourd’hui encore, pour obtenir justice, mais qui n’ont jamais pu retourner sur leur île, même s’ils ont obtenu des éléments de reconnaissance pour le traitement violent et illégal qu’ils ont subi.
Caroline Laurent, d’origine Mauricienne, s’est emparée de leur colère. Elle a mis sa plume au service de cette histoire qu’elle connaît depuis l’enfance et le résultat est ce roman au souffle romanesque d’autant plus puissant qu’il est porté par un sentiment d’injustice sincère et par une saine colère.