Archives de catégorie : Coups de coeur

ABSOLUTION

 

 

 

 

 

 

 

Tricia et Charlène sont améri­caines et vivent dans les années 60 à Saïgon, où leurs époux ont été envoyés par l’administration américaine. Charlène, audacieuse et charismatique entraîne Tricia dans ses bonnes œuvres et ses réceptions mondaines. Soixante ans plus tard, Tricia livre une réflexion sur le rôle équivoque des femmes expatriées pendant la guerre, et leur assignation à fonder une famille.

Cherchant du sens au milieu du chaos, courageuses et pathétiques, luttant contre les injonctions propres à leur classe, ces femmes en quête d’absolution sont envahies par la sourde culpabilité d’avoir participé, malgré elles, aux effets dévastateurs de ­l’impérialisme de leur pays.

FRAPPER L’ÉPOPÉE

C’est l’histoire de Tass, une jeune femme de 30 ans, qui retourne dans son île natale, la Nouvelle Calédonie, après une dizaine d’années passées en métropole. Professeure dans un lycée de Nouméa, Tass est intriguée par la disparition de deux de ses élèves kanaks. En partant à leur recherche, elle va tenter de se reconnecter avec sa propre histoire.

A travers ce fil romanesque, Alice Zeniter retrace l’histoire de la Nouvelle Calédonie et de son peuplement à partir du milieu XIX° siècle, réalisé en ignorance du peuple kanak.
Elle développe une réflexion passionnante : peut-on se sentir chez soi alors qu’on ne fait pas partie du peuple premier ? le voyageur, ne faisant pas partie du peuple premier, est-il forcément un colonisateur ou existe-t-il une troisième voie ?

Roman admirable, aujourd’hui très éclairant sur la Nouvelle Calédonie.

L’AMOUR

Ce court texte, empreint d’une immense nostalgie, est une histoire d’amour, avec un petit « a ». François Begaudeau dévoile la beauté romanesque d’un couple ordinaire « l’amour tel qu’il est vécu la plupart du temps par la plupart des gens : sans crise ni événement ».

L’émotion grandit au fil de la narration, de la description des mille détails du quotidien de la vie commune de Jacques et Jeanne, pendant cinquante ans, depuis leur banale rencontre dans les années 1970. Une vie ensemble, jusqu’au bout, un amour qui peu à peu se transforme, jusqu’à devenir profond et inébranlable.

Le médecin de Cape Town

Ce roman passionnant dresse un magnifique portrait d’une femme, qui au début du XIXème siècle en Angleterre s’est travestie en homme pour pouvoir étudier et exercer la médecine. Ce roman est inspiré de l’histoire vraie du Dr James Miranda Barry, chirurgien qui a marqué l’histoire de sa profession.

C’est un récit d’indépendance qui de façon très subtile pose la question du genre, des apparences, de la liberté d’infléchir son destin, des rôles que chacun et chacune joue dans la société de façon délibérée ou parce qu’il ou elle y est assigné. C’est aussi un tableau bien brossé de la société anglaise de cette époque. Un souffle romanesque nous emporte tout au long de ce récit parsemé de scandales et de secrets, c’est un roman qu’on ne lâche pas !

LES MANGEURS DE NUIT

Nous sommes en Colombie Britannique au XXe siècle. Hannah, fille d’immigrés japonais,  a été bercée durant toute son enfance par des contes nippons racontés par son père. Mais elle se sent avant tout canadienne et doit faire face au rejet des autres enfants.

Tout bascule lorsqu’elle rencontre Jack, un creekwalker,  qui veille sur la forêt et qui aime se réfugier dans les légendes autochtones depuis le départ de son frère à la guerre.

Deux destinées, deux parias.

Tout en nous livrant un véritable hymne à la nature, Marie Charrel tisse avec talent les récits de ces deux destinées qui vont se rejoindre, et met en lumière une partie assez peu connue de l’histoire du Canada.

Ce roman familial et historique magnifiquement écrit et envoûtant est parsemé de croyances indigènes et japonaises.  Il nous offre un moment de lecture extraordinaire qui longtemps nous habite et alimente nos rêves.

LES CONTEMPLÉES

En 2013, Pauline Hillier est arrêtée lors d’une manifestation à Tunis alors qu’elle milite au sein d’un groupe de Femen. Elle est conduite et incarcérée à La Manouba, sordide prison de femmes à Tunis.
Elle passe un mois dans une cellule de 30 m2 avec 28 codétenues tueuses, voleuses ou victimes d’erreurs judiciaires.

Au fil des jours, elle apprend à écouter ces femmes parias, que personne ne veut voir, et en fait les véritables héroïnes de son roman qui devient de plus en plus lumineux au fil des pages. Le projecteur est tourné vers ce groupe de femmes, et à travers des portraits hauts en couleurs, nous découvrons toute la dignité, la générosité, l’humanité de ces détenues quoiqu’elles aient commis par le passé.

Le thème de ce roman peut effrayer de prime abord, mais le texte — d’une très belle écriture —  nous fait partager le quotidien d’une étrange communauté de femmes qui savent partager la beauté de milles  gestes, regards, sourires,  comme résistance à l’horreur de ce qu’elles subissent.

L’ÉTÉ OÙ TOUT A FONDU

Eté 1984 dans une bourgade de l’Ohio. Le procureur ,hanté par le bien et le mal, invite le diable à lui rendre visite. Sal, un jeune garçon de 13 ans débarque. Il est en guenilles, a la peau noire, des yeux vert émeraude, une intelligence hors du commun. Il se présente comme le diable. Il est adopté par la famille du procureur, devient l’ami de son fils Fielding, et admire le grand frère Grand.

Une série de catastrophes et de tragédies s’abat sur la ville au cours de cet été là, à commencer par une vague de chaleur infernale. Les esprits s’échauffent, Sal sera vite tenu pour responsable de toutes les calamités. Sa couleur de peau et son comportement singulier vont déclencher des réactions d’une extrême violence

Tiffany McDaniel (autrice de « Betty ») développe ici les grands thèmes récurrents de son œuvre : le racisme, l’intolérance, le repli sur soi dans les petites villes américaines. Ce roman  est noir, mais la poésie et l’imagination, la manière de raconter de l’écrivaine nous emportent avec un souffle puissant,  suffoquant parfois.

« L’été où tout a fondu » assurément vous laissera enfiévré.

LA VIE CLANDESTINE

Au début de ce roman, Monica Sabolo enquête sur les membres du groupuscule Action Directe. En 1986,Georges Besse est froidement abattu devant chez lui par deux jeunes femmes qui l’attendent sur un banc. Que cherchaient-elles, comment en sont elles arrivées là ?

Au fil de son enquête, la romancière tisse des associations d’idées et d’émotions, et peu à peu glisse vers sa propre vie familiale pleine de silences, de secrets, de violence. Son écriture  délicate et hardie nous embarque alors dans un dédale de questions sans réponses, de doutes, de vides et d’impasses.

Les membres d’Action Directe, mus par une idéologie prônant la lutte contre les injustices engendrées par le système capitaliste commettent crimes et actes de violence. Un père animé de sentiments et de tendresse paternelles dérape dans son comportement. Un haut fonctionnaire  s’implique dans  des trafics illicites et des activités troubles.

Comment, petit à petit, arrive-t-on à commettre l’irréparable ? Peut-on pardonner, qui plus est quand aucun regret, aucun remord n’a été prononcé ? Qui peut se permettre de pardonner ?Peut-on sortir de la clandestinité et transformer les blessures profondes qui semblent à jamais irréparables ?

Ce  texte très personnel oscille entre récit, enquête et autobiographie. C’est un passionnant et lumineux  travail de mémoire qui cherche à  sortir du silence afin de pouvoir poursuivre la route, apaisée.

MOURIR AVANT QUE D’APPARAÎTRE

Le titre de ce court récit est extrait du poème de Jean Genet Le Funambule. L’auteur nous fait vivre la rencontre qui eût lieu, dans les années 50, entre Abdallah, un jeune acrobate du cirque Pinder qui ne sait ni lire ni écrire et Jean Genet, coqueluche du Tout-Paris littéraire. Leur aventure amoureuse et leur admiration réciproque donnera à Genêt l’idée de façonner Abdallah, comme s’il s’agissait d’une œuvre d’art, pour en faire un funambule à succès. Mais jusqu’où Abdallah est-il prêt à aller pour l’amour de Genêt ? Ne prend-il pas trop de risques ?

À travers la métaphore du funambule, l’auteur nous invite à une réflexion sur l’emprise, sur la prise de risque dans la vie et à une promenade dans le milieu littéraire.

Une histoire tragique racontée de façon lumineuse et portée par un vrai souffle romanesque. À découvrir.

Sans plus attendre

Si l’épopée d’Ulysse est connue, que sait-on de son épouse Pénélope? Qu’elle voulait échapper aux prétendants voulant remplacer son époux et que pour ce faire elle filait le jour et défaisait son ouvrage la nuit.

Mais, qui était-elle outre l’épouse d’Ulysse, que pensait elle, comment se sont déroulées ces nombreuses années d’absence du héros ? C’est à rentrer dans l’intimité de cette femme que nous convie dans ce court roman Sylvie Durastanti.

C’est d’abord par son style, avec de longue phrases , que l’auteur nous plonge dans l’attente. L’envers de l’épopée d’Ulysse nous est racontée par deux femmes: Pénélope et Eri ,l’esclave qui a élevé Ulysse et mis au monde son fils. Nous cheminons dans leurs pensées et à travers leurs pensées suivons l’attente de Pénélope et l’histoire d’Ulysse.

De magnifiques descriptions des paysages de cette ile grecque, ensoleillée et ombragée par les chênes verts les lauriers, emplie des senteurs de thyms et autres romarins , et cette mer si fascinante et redoutable….

Ce court roman est à lire en prenant le temps de savourer.