La Sonate à Bridgetower

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La Sonate à Kreutzer de Beethoven a-t-elle vraiment été dédiée au célèbre violoniste français Rodolphe Kreutzer ? Emmanuel Dongala, dont le dernier livre « Photo de groupe au bord du fleuve »  (élu meilleur roman français 2010 par la rédaction de LIRE) avait connu un succès mérité, découvre que cette sonate avait en réalité été écrite pour un jeune musicien aujourd’hui oublié qui s’appelait George Bridgetower, un mulâtre de père africain et de mère polonaise et c’est cette histoire peu commune qu’il nous invite à découvrir.

George Bridgetower a 9 ans lorsqu’il donne avec succès son premier concert à Paris, au Concert Spirituel aux Tuileries. Son père, Frederick de Augustus de Bridgetower, flamboyant personnage, est prêt à tout pour que son fils triomphe à l’instar du jeune Mozart. Arrivés dans la capitale en avril 1789 ils la quitteront après la prise de la Bastille pour se réfugier à Londres. Après maintes péripéties le talent de George sera reconnu et le Prince de Galles prendra le jeune violoniste sous sa protection après avoir fait expulser son père pour son inconduite et ses prises de position en faveur des droits des Noirs. A l’âge de 24 ans, en pleine possession de son talent, George ira revoir sa mère à Dresde et de là il gagnera Vienne où il rencontrera Beethoven qui composera pour lui sa fameuse « Sonata mulattica ».

 Emmanuel Dongala nous plonge avec ce récit dans le monde des Lumières car George va côtoyer des musiciens renommés comme Haydn et Haëndel  mais aussi Condorcet, Lavoisier sans parler du Chevalier de Saint George, d’Alexandre Dumas, de Jefferson ou Olympe de Gouge et Théroigne de Méricourt. Une fresque historique pleine d’érudition, une belle aventure où se mêlent musique, révolte et découvertes scientifiques. Un bonheur de lecture.