Dans son roman, La porte du voyage sans retour, David Diop s’inspire des carnets d’un botaniste, Michel Adanson, envoyé au Sénégal de 1749 à 1754 pour y étudier la flore et la faune pour le Jardin du Roy à Paris.
Au début du roman, nous sommes en 1806 et Michel Adanson se meurt veillé par sa fille. Toute sa vie a été consacrée à ses recherches et son but de publier une encyclopédie qui ne verra pas le jour. Souhaitant transmettre le récit de sa vie à sa fille il lui lègue des carnets cachés dans un meuble : elle devra les découvrir pour mieux le connaître.
Michel Adanson a 23 ans quand il arrive au Sénégal. Il va apprendre le wolof pour communiquer et mener à bien ses recherches. Intrigué par l’histoire d’une jeune femme qui aurait échappé à l’esclavage, il va partir à sa recherche et il en tombera amoureux. Cela va l’entraîner dans des aventures qu’il aurait eu peine à imaginer. Il ne réussira pas à sauver Maram dont le souvenir le hantera toute sa vie.
Ce roman d’amour et de transmission nous est conté dans un style modelé par le français du 18ème siècle pour décrire les paysages exotiques et les destins qui se juxtaposent.
A rebours des interdits actuels, David Diop ne craint pas d’utiliser le mot « nègre » ainsi que les noirs étaient désignés au 18ème siècle. Ce qui l’intéresse c’est de placer son personnage des Lumières, avec ses idéaux humanistes, au moment où l’esclavage culmine. Adanson reconnaît aux gens qui ne sont pas européens un SAVOIR. Il va étudier et parler le wolof et tomber amoureux d’une négresse et cependant une fois revenu en France il ne luttera pas contre l’esclavage et se laissera reprendre par sa passion pour la botanique.
Ce roman est un beau voyage en terre d’Afrique entre l’histoire de la belle Maram et de Adanson avec en toile de fond la blessure de l’esclavage.
David Diop est né à Paris en 1966. Il a passé sa jeunesse au Sénégal puis il a fait ses études en France. Actuellement il est maître de conférences en littérature à l’Université de Pau. En 2018 il a obtenu le Prix Goncourt des Lycéens pour « Frère d’âme » qui obtiendra aussi le prestigieux prix anglais du Man Booker Prize, c’est le premier écrivain français à obtenir ce prix.