Il s’agit d’un premier roman — magistral — sur un sujet à priori peu porteur : le travail a la chaîne ou plutôt, comme on dit maintenant, à la ligne.
Arrivé en bretagne pour y suivre sa femme, l’auteur-narrateur, éducateur spécialisé, ne trouve d’autre travail que celui d’intérimaire dans une usine. D’abord dans une usine de conserverie de poissons, puis dans un abattoir.
Jour après jour, le narrateur nous relate avec minutie les gestes répétitifs, le bruit, l’isolement, la souffrance du corps qu’on doit surmonter, la fatigue qui oblige chacun, à la pause, à se concentrer sur son café et sa cigarette.
Comment survivre dans un tel contexte ? En laissant vagabonder sa pensée au gré des associations qui vous viennent, en chantant, en évoquant des textes aimés ou des poèmes.
Et il y a surtout la femme aimée, le chien Pokpok et la fraternité ouvrière.
L’écriture de ce texte est pour beaucoup dans l’attrait qu’il exerce. Tour à tour distancié, coléreux, drôle, le texte en vers libres aère, en allant à la ligne à chaque phrase, ce qui serait autrement insupportable.
Une très belle réussite d’écriture.