Katrina Kalda
Voici la chronique familiale de Kadri Raud , Estonienne de souche, parisienne d’adoption . Petite, elle suit sa mère qui s’exile en France, dans des conditions peu glorieuses, pour fuir les dures réalités du petit pays balte. 25 ans plus tard, elle se raconte… Et raconte aussi l’histoire de ces hommes et de ces femmes qui font son ascendance. Petit à petit, nous découvrons les frères Raud et leur famille qui se débrouillent pour surnager au creux d’une Estonie bafouée d’abord par les nazis puis par le système soviétique.
Comme toujours, misère, tourmente, torture morale et psychologique sont au rendez-vous. Le lecteur en tiendra pour preuves les lettres écrites par Lisbeth, une amie de la famille, envoyées à Eda, la grand-mère de Kadri, de 1945 à 1947 et ce de Sibérie. Elles viennent régulièrement interrompre le fil narratif de la jeune femme et s’immisçant, sont porteuses d’un secret familial.
Dans un français impeccable, par le biais d’une famille inventée ou pas, l’auteur de ce roman nous entraîne de plein fouet dans les années noires de l’après guerre, celles des purges soviétiques. Difficile de ne pas se passionner pour le sort des estoniens, si palpables ici, si présents, si vibrants et si misérables dont 25 % fut exterminé entre 39 et 51. Ce roman, le second de Katrina Kalda ne peut que vous plaire tant par l’éclairage sur l’histoire du pays que par la sensibilité de ses personnages.