Voici venir les rêveurs

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Jende Jonga rêve … il veut quitter son village de Limbé au Cameroun et son rêve à lui c’est l’Amérique, celle qu’il a entrevue dans les films, à la télévision. Il s’embarque avec un visa touristique. Winston, un cousin, l’aide à trouver un emploi de chauffeur chez un banquier de Lehman Brothers. Il fait venir sa femme et son fils et ils s’installent à Harlem. Neni suit des études pour devenir pharmacienne, leur rêve semble se réaliser.

La chute de Lehman Brothers est dans l’air et Jende, en conduisant Clark, son patron, surprend bien des conversations. Il est médusé aussi par le comportement de cette famille si riche : le père n’a guère de temps pour sa famille, la mère sombre dans la solitude et l’alcoolisme et Vince, le fils aîné, quitte ses études pour aller méditer en Inde. Pour obtenir leur « Green Card », Jende et Neni s’en remettent à un avocat spécialiste du droit de l’immigration. Mais Jende perd son emploi ce qui va compliquer les démarches  et peu à peu l’African Dream va remplacer l’American Dream.

Le charme du livre vient de ce regard décalé, de cette confrontation entre le monde des nantis et celui des sans-papiers. La précarité semble même apporter plus de joie de vivre malgré les difficultés innombrables.

Imbolo Mbue a 33 ans comme ses personnages et, comme eux, elle est venue de Limbé en 1998 pour ses études, elle vit à Manhattan. Elle nous parle du rêve américain à une époque où le rêve d’Obama rejoint celui des héros du roman. Elle explore leurs parts d’ombre et de lumière  avec une écriture pleine de fraîcheur et d’énergie et nous offre un roman plein de générosité et d’empathie sur le choc des cultures et les désenchantements de l’exil : et si le bonheur était ailleurs ? Un roman agréable à lire.