Dans Marseille 73, passionnant polar, Dominique Manotti revient sur les agressions et les meurtres de Maghrébins qui ont eu lieu dans le sud de la France au début des années 1970. En 1972, les circulaires Marcellin-Fontanet imposent aux immigrés d’avoir un contrat de travail et un logement décent pour pouvoir rester légalement sur le territoire français. Cette volonté de réguler l’immigration s’explique par la fin des « trente glorieuses » et la hausse du chômage. C’est aussi le moment de la naissance du Front national. L’un des groupuscules à l’origine de ce parti, les néofascistes d’Ordre nouveau, lance à ce moment-là une campagne contre « l’immigration sauvage », avant d’être dissous à l’été 1973.
Dans ce contexte, on ne peut que déplorer le déclanchement d’une série d’attaques xénophobes. En six mois plus de cinquante Maghrébins sont tués, dont une vingtaine à Marseille.
Un jeune d’origine algérienne a été tué en pleine rue, quelques heures après l’enterrement d’un traminot égorgé par un déséquilibré arabe. La justice et la police veulent étouffer l’affaire.
Théodore Daquin (le personnage fétiche de l’auteure) et ses hommes devront enquêter dans le milieu marseillais pour contourner l’influence des anciens combattants et sympathisants de l’Organisation de l’armée secrète (OAS), parmi les forces de l’ordre.
Travail d’enquête, véritable travail d’historienne, l’auteure nous entraîne avec efficacité à travers ces mois terribles qui ensanglantèrent Marseille, la reconstitution historique est impressionnante, le polar efficace et sans pitié.