Ne m’appelle pas Capitaine

 

Haïti, Port-au-Prince. Deux quartiers que tout oppose : Montagne noire et son ghetto de riches blancs où les « bruns-pêche » sont tout juste tolérés ; et Morne dédé, quartier pauvre et déshérité.
Quand on habite le premier et qu’on est une femme, il faut un minimum de non-conformisme pour décider de faire des études. C’est ce qu’a fait Aude, apprentie journaliste.
« Enquêter sur des faits, des dates, dans un milieu inconnu » est le sujet de l’article qu’elle doit rédiger. Conseillée par son oncle, non conformiste de la génération précédente, elle choisit d’aller interviewer   Capitaine. Celui-ci habite le Morne dédé, là où une femme blanche dans une voiture neuve est d’emblée remarquée, surtout lorsqu’elle s’adresse à eux maladroitement. Pour la première fois, en effet, ces étrangers que Aude côtoie ne sont pas ses domestiques mais ses égaux.
Capitaine, vieil homme ayant vécu dans ce quartier sous la dictature des Duvalier et maître en arts martiaux, avait rêvé de transformer sa maison en un lieu d’apprentissage pour que revive ce lieu déshérité. Il ne vit plus que dans le ressassement du passé.
Chacun poursuit un temps son monologue, puis leurs voix vont se rejoindre et Aude va s’ouvrir à ces « autres » en même temps qu’elle se découvre elle-même.
Dans une écriture qui alterne les styles de narration en fonction des personnages, Lyonel Trouillot nous offre un récit humaniste, vivant et plein d’espoir.